Décoloniser la culture, c’est aussi désaliéner la culture

Par Edith Brunette
Texte paru dans Les droits en mouvements - L’avenir des libertés, sous la direction de Christian Nadeau et Philippe Néméh-Nombré, une publication de la Ligue des droits et liberté et des Éditions Somme toute
2022
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EXTRAIT

«Revendiquer les “droits des artistes” donne parfois l’impression d’oublier que ces droits ne sont ni plus ni moins les mêmes que ceux de n’importe qui: droit à être payé décemment pour son travail, droit à exprimer ses idées, droit à ne pas subir de violence physique, verbale ou physique, droit au respect de son intégrité et droit à la dignité. J’en oublie peut-être. Droit, en somme, de ne pas être considéré comme exceptionnel – de ne pas être ce vecteur d’absolu, ce Prométhée prenant à sa charge de dérober le feu aux dieux et, en conséquence de sa désobéissance, condamné à être enchainé à un rocher où chaque jour un aigle lui ronge le foie: “Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu (...) et il en fait présent à l’homme.”
Prométhée, ayant dérobé la connaissance des arts avec le feu aux dieux, en fait don à l’homme – nous écririons aujourd’hui “à l’humanité”. La connaissance des arts, offerte à l’ensemble de l’espèce humaine, n’est pas une prérogative des artistes : créer est une puissance partagée.»