Comme si vous y étiez (ou presque): les médias et le Printemps québécois
EXCERPT
“À Victoriaville, le soir du 4 mai, le restaurant était rempli de manifestants. Nous testions les poutines qui s’y déclinaient en une cinquantaine de variétés, reprenant nos forces, débattant bruyamment des dernières heures passées dans les fumées et achevées sous la pluie. Les policiers protégeant l’entrée du centre où s’étaient réunis les membres du Parti Libéral ne s’étaient pas montrés amicaux; les manifestants le leur avaient bien rendu. Les affrontements entre les deux factions avaient été parmi les pires depuis le début des luttes étudiantes du printemps. Du fromage et des petits pois plein la bouche, nous déversions à toute vitesse, comme pour nous en exorciser, les images aperçues à travers les fumigènes et nos yeux brûlants: cette fille accroupie, un foulard ensanglanté sur la bouche et ses dents dans un sac Ziploc, ou ces manifestants tentant de protéger un blessé, tandis que les policiers continuaient de les charger malgré leurs appels à la trêve. Au-dessus de nos têtes pourtant, les écrans accrochés aux murs pour distraire les clients passaient en boucle des images tout autres: un policier assailli par des manifestants, et une intervention d’un porte-parole de la Sûreté du Québec nous martelant à quel point les forces de l’ordre avaient bien fait leur travail. Ces images des événements n’étaient ni plus ni moins valides que les nôtres, seulement, ce seraient les seules qu’en verraient des millions de Québécois.”
“À Victoriaville, le soir du 4 mai, le restaurant était rempli de manifestants. Nous testions les poutines qui s’y déclinaient en une cinquantaine de variétés, reprenant nos forces, débattant bruyamment des dernières heures passées dans les fumées et achevées sous la pluie. Les policiers protégeant l’entrée du centre où s’étaient réunis les membres du Parti Libéral ne s’étaient pas montrés amicaux; les manifestants le leur avaient bien rendu. Les affrontements entre les deux factions avaient été parmi les pires depuis le début des luttes étudiantes du printemps. Du fromage et des petits pois plein la bouche, nous déversions à toute vitesse, comme pour nous en exorciser, les images aperçues à travers les fumigènes et nos yeux brûlants: cette fille accroupie, un foulard ensanglanté sur la bouche et ses dents dans un sac Ziploc, ou ces manifestants tentant de protéger un blessé, tandis que les policiers continuaient de les charger malgré leurs appels à la trêve. Au-dessus de nos têtes pourtant, les écrans accrochés aux murs pour distraire les clients passaient en boucle des images tout autres: un policier assailli par des manifestants, et une intervention d’un porte-parole de la Sûreté du Québec nous martelant à quel point les forces de l’ordre avaient bien fait leur travail. Ces images des événements n’étaient ni plus ni moins valides que les nôtres, seulement, ce seraient les seules qu’en verraient des millions de Québécois.”
Writings
Going to, Making Do, Passing Just the Same
Le Merle - Institutions
To Spoil the Party, to Set Our Joy Ablaze
Le Merle - Austerity
Décoloniser la culture, c’est aussi désaliéner la culture
Residing in What Is Coming Undone
The Imaginary Exit of Disengagement
The Market, Philanthropy, or the State
Where We Are All Going in the Same Direction
No One Gives a F**k About a Cop and Fredy: Conveying the Voices of the Collectivity
Fragilité artistique et défense d’une autonomie illusoire de l’art
Prendre soin des paroles effacées
L’évitement comme politique de gestion des débats au Conseil des arts du Canada
Je préfèrerais (éclipses)
Les artistes du modèle d’affaire
Épuiser l’événement: l’ultrafamilier et la répétition comme procédés de mise à distance
In the Shadows of the Floodlights: DARE-DARE at Quartier des Spectacle
Identity correction: comment se porte votre identité
Insoluble capitalisme: menues violences et autres obscénité
Les médias et le Printemps québécois: comme si vous y étiez (ou presque)
Printemps québécois: l’éveil démocratique
Encore faut-il que cela se sache
Prendre la parole: du rhétorique au politique
Quelle efficacité pour une critique institutionnelle hors des institutions
Les murs ne sont pas tous faits de pierres
Une vue de l’intérieur
Art dans l’espace public: quand les politiques croisent les pratiques
The Tactics of Formlessness
Mile-End Mapping: une carte avec ruelle
Le Merle - Institutions
To Spoil the Party, to Set Our Joy Ablaze
Le Merle - Austerity
Décoloniser la culture, c’est aussi désaliéner la culture
Residing in What Is Coming Undone
The Imaginary Exit of Disengagement
The Market, Philanthropy, or the State
Where We Are All Going in the Same Direction
No One Gives a F**k About a Cop and Fredy: Conveying the Voices of the Collectivity
Fragilité artistique et défense d’une autonomie illusoire de l’art
Prendre soin des paroles effacées
L’évitement comme politique de gestion des débats au Conseil des arts du Canada
Je préfèrerais (éclipses)
Les artistes du modèle d’affaire
Épuiser l’événement: l’ultrafamilier et la répétition comme procédés de mise à distance
In the Shadows of the Floodlights: DARE-DARE at Quartier des Spectacle
Identity correction: comment se porte votre identité
Insoluble capitalisme: menues violences et autres obscénité
Les médias et le Printemps québécois: comme si vous y étiez (ou presque)
Printemps québécois: l’éveil démocratique
Encore faut-il que cela se sache
Prendre la parole: du rhétorique au politique
Quelle efficacité pour une critique institutionnelle hors des institutions
Les murs ne sont pas tous faits de pierres
Une vue de l’intérieur
Art dans l’espace public: quand les politiques croisent les pratiques
The Tactics of Formlessness
Mile-End Mapping: une carte avec ruelle